- par Patrice Gassenbach
C’est sous ce titre que Le Figaro du 7 novembre 2017 évoquait le défi relevé par un industriel de l’agroalimentaire pour recréer une filière française du cornichon.
En réalité, Le Figaro et ses éditorialistes auraient dû utiliser ce titre à l’occasion de la primaire de la droite qui a abouti au choix calamiteux de François Fillon pour la Présidentielle.

Dans son livre « Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen ? : Chronique sécrète d’une élection imperdable … » (1), Georges Fenech a longuement démontré l’inanité de la thèse du complot, l’aveuglement et la médiocrité de l’entourage du candidat de la droite et du centre, à l’exception de lui-même, de Bruno Le Maire, de Thierry Solère et de Patrick Stefanini, qui l’avaient invité à se retirer, en rappelant, à juste titre, le constat d’André Malraux selon lequel si « on ne fait pas de politique avec la morale on en fait pas davantage sans ».
C’est ainsi qu’au premier tour, convaincu de l’élimination de François Fillon, j’ai voté pour Emmanuel Macron parce que je craignais un duel de deuxième tour entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, et que j’ai récidivé au deuxième tour pour éliminer Marine Le Pen.
Je n’avais certes pas prévu le raz-de-marée aux législatives de la génération spontanée des candidats Internet de la République en Marche, même si cette victoire doit être relativisé par les effets amplificateurs de notre mode de scrutin et par une abstention le 18 juin dernier proche des 58 %, avec 10 % de bulletins blancs ou nuls.
Or, quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron est sorti renforcé de cette élection puisque les Français qui se sont mobilisés lui ont permis de réaliser un coup de balai digne de celui qu’avait connu l’Assemblée Nationale en 1958.
Au surplus, cette situation n’a pas été altérée par les résultats des dernières sénatoriales liés, il faut le rappeler, aux votes d’élus locaux légitimés électoralement avant le bouleversement que nous venons de connaître, ce qui prouve une fois de plus qu’il est urgent, comme le souhaitait le Général de Gaulle, de supprimer le Sénat ou d’en réduire considérablement les effectifs en le fusionnant avec le Conseil Economique et Social sur la base d’une compétence strictement économique et financière qui pourrait être abondée par les travaux de la Cour des Comptes.
Objectivement, et avant de venir sur le fond, nous devons remercier Emmanuel Macron pour avoir :
démontré que Marine Le Pen n’était pas au niveau des responsabilités qu’elle briguait ;
détruit le Parti Socialiste ;
jeté le sortant comme un Kleenex ;
fait observer que le talent oratoire du petit Robespierre, comme le surnomme Michel Onfray, se transformerait en gesticulations bolivariennes au Parlement ;
mis en évidence les contorsions des dirigeants de l’UDI ;
ressuscité François Bayrou pour mieux le vassaliser avant de l’éliminer ;
dilacéré Les Républicains qui disposent maintenant de quatre années pour se reconstruire.
A la fois et en même temps
Aujourd’hui, les Français considèrent, à juste titre, que la France est gouvernée par une majorité centriste à l’Assemblée Nationale, avec 314 députés LRM, 47 MODEM et 35 Constructifs.
Comme le constate Pierre-André Taguieff dans son ouvrage « Macron : miracle ou mirage ? »(2), Emmanuel Macron a « inventé un nouveau centrisme » composé de Français en situation aporétique : à la fois de gauche et de droite mais en même temps ni de droite, ni de gauche.
Cette observation n’est pas anodine car si aucun d’entre nous ne souhaite l’échec de notre pays, celui d’Emmanuel Macron n’est pas à exclure, pour des raisons que nous aborderons plus loin. Il en résulte par conséquent que le risque d’une alternance extrême ne peut être écarté, comme le prouve la montée préoccupante des partis d’extrême droite ou d’extrême gauche en Europe.
Ce risque est d’autant plus grand que les réformes sont toujours longues à produire leurs effets et que s’aggravent dans notre pays : la pauvreté qui affecte 6 millions de nos compatriotes, les craintes liées à l’immigration, à l’insécurité, au retour des djihadistes et la méfiance populaire vis-à-vis des élites.
A cet égard, Alain Juppé, au lieu d’affirmer récemment et péremptoirement qu’ « un peuple sans élite est un peuple sans repères », aurait été plus pertinent s’il s’était interrogé sur la question de savoir si un peuple qui s’égare, ne s’égare pas à cause de ses élites ? Ou plus exactement si l’aveuglement des élites n’explique pas la jacquerie électorale qui se répète, scrutin après scrutin depuis trente ans !
En effet, quand l’école, les services hospitaliers et la justice se désagrègent, que les pompiers, les médecins et les policiers sont agressés et injuriés, que des zones de non droit existent dans plus de 70 villes en France, que la haine raciale s’affiche, que des mouvements religieux contestent la prédominance des lois de la République, que les trafics de toutes sortes prospèrent en toute impunité, que légalement des grandes multinationales échappent à l’impôt, il arrive un moment où une violence généralisée peut exploser.
La vinaigrette est fade
La volonté d’Emmanuel Macron de réformer la France est incontestable. Il est manifestement décidé à agir vite, comme l’était le Général de Gaulle en 1958. Il impose à ses équipes une discipline de fer et un rythme effréné. Au surplus, il ne craint pas l’impopularité et n’hésite jamais non sans courage à échanger avec ses contradicteurs à l’occasion de ses déplacements en France.
Alors que le clivage droite-gauche est de retour, la bienveillance, l’agilité, la détermination et la fermeté, risquent malheureusement d’être insuffisantes car Emmanuel Macron, qui a rendez-vous avec les vieux démons de notre pays : l’indiscipline, l’individualisme, les corporatismes, adresse trop de signes contradictoires aux Français.
Qu’il s’agisse :
de la cérémonie d’investiture du Louvre, destinée à sacraliser à nouveau la fonction présidentielle, aux effets anéantis quelques semaines plus tard par les conditions de sa participation à la mise en scène de la manifestation en soutien à la candidature de Paris aux Jeux Olympiques, au lieu de se réserver, grâce à son aura internationale, pour l’Exposition universelle de 2025.
à l’occasion du congrès de Versailles ou du discours d’Athènes, où son goût du lantiponnage a même laissés pantois les intellectuels de gauche, c'est-à-dire les Mutins de Panurge, pour reprendre l’expression de Philippe Muray.
de son appétence pour la chasse aux trophées : Nicolas Hulot, Gérald Darmanin, Edouard Philippe, et demain sans doute Zig Zag (je vous laisse deviner), dont il semble que le seul objectif est de créer de la confusion, sur la base des recommandations du bréviaire des politiciens du Cardinal Mazarin.
du souci de nourrir les magazines ou les médias, par des scènes inattendues d’hélitreuillage ou d’apparitions dans des panoplies diverses et variées.
du choix de s’exprimer en anglais à l’occasion des grandes manifestations internationales, alors que la langue française est la substance même de la nation française et que le développement de l’anglais joue un rôle essentiel, comme le souligne si justement Claude Hagège(3), pour consolider la suprématie de la culture libérale, mondialiste et par nature anti-européenne. Chacun sait que l’exigence républicaine est en effet de s’exprimer dans les manifestations internationales en français, notamment eu égard au poids de la francophonie.
de son volontarisme européen, qui risque de devenir incantatoire par défaut de réalisme, notamment en raison de son alignement excessif sur l’Allemagne et de sa volonté de donner des leçons à l’ensemble des membres de l’Union, alors que cela serait plus avisé de réfléchir à reconstruire d’urgence l’Europe autour d’un noyau dur de pays. Comme le suggère Ivan Krastev dans son ouvrage « Le destin de l’Europe »(4), « Il est temps de mettre au rebut nos espoirs naïfs » si nous voulons que la légitimité de l’Union Européenne ne soit pas remise en cause par les peuples.
Par ailleurs, et sans doute par souci d’efficacité, Emmanuel Macron a nommé huit personnalités de premier plan, issues des meilleures écoles de la République, pour, entre Matignon, Bercy, les ministères et l’Elysée, fluidifier et nourrir l’action politique de notre pays. Ce qui a conduit entre autres raisons quelques éditorialistes à considérer que le Macronisme relevait du Saint-Simonisme, puisque cette doctrine du 19ème siècle entendait substituer au Gouvernement des Hommes l’administration des choses puisqu’une nation ne saurait être autre chose qu’une entreprise.
Or, l’ambition de gérer la France comme une entreprise ou une startup est annonciatrice de grandes désillusions parce que les startups créent peu d’emplois, que beaucoup d’entre elles meurent rapidement et que les grandes entreprises sont de plus en plus exposées, à défaut de se transformer, au risque de disparaître par consolidation ou destruction.
Chacun sait que la compétition mondiale se caractérise par une financiarisation démesurée des activités économiques et que les objectifs prioritaires des entreprises visent à faire toujours plus de profits et à gagner des parts de marché, lesquels sont incompatibles avec la complexité géopolitique du monde, même si celles-ci ont une très grande expertise pour en bonifier les failles fiscales(5). Il me semble que c’est le Général de Gaulle qui avait rappelé que « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille » !
« L’avertissement à l’humanité » adressé par 15 000 scientifiques pour sauver la planète, la prise en compte de la misère dans le monde, les problèmes éthiques posés par le transhumanisme et les manipulations génétiques ne sont pas les priorités des grandes entreprises même si celles-ci se repeignent en vert ou créent des fondations pour s’acheter des indulgences !
Je reste également perplexe sur le rapport à la laïcité de notre Président, notamment après son discours en Terre Radicale à Lyon en février 2017 lorsqu’il a déclaré qu’ « il n’y avait pas une culture française mais une culture en France diversifiée », ce qui revient à glorifier le communautarisme.
Je n’ai pas oublié que le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), que l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, comme Tariq Ramadan, ont appelé pendant la Présidentielle à voter pour Macron, alors que 28% des musulmans sont adeptes d’un islam qui considère que les lois de l’islam sont supérieures aux lois de la République.
La tentation du bocal
Les Républicains, à qui tout était promis en juin 2017, ont réussi en très peu de temps à remplir le bocal. Il faut donc espérer qu’ils ne recommenceront pas les mêmes erreurs, or, force est de constater que c’est mal parti.
En excluant des personnalités, apparemment efficaces dans leurs nouvelles charges, ils n’ont pas eu à l’esprit que le débat interne est toujours préférable aux divisions, et ce d’autant plus que les bras séculiers de cette misérable sanction ont oublié qu’elle est le résultat des refus conjoints de Jean-Pierre Raffarin et d’Alain Juppé d’institutionnaliser les courants lors de la création de l’UMP.
C’est Françoise Giroud qui refusait de tirer sur les ambulances.
Dès lors, sanctionner pour traitrise des personnalités débauchées ou séduites, c’est assurément excessif et c’est oublier l’invitation de Georges Clemenceau à relativiser de telles situations lorsqu’il rappelait qu’ « Un traître est celui qui quitte son parti pour s’inscrire à un autre ; et un converti, celui qui quitte cet autre pour s’inscrire au vôtre.».
Alors que Laurent Wauquiez a sans doute toutes les chances de devenir le Président du parti Les Républicains, je constate avec inquiétude qu’il n’a pas mis à jour son logiciel.
J’ai écouté avec attention, tout en restant dubitatif, ses dernières déclarations. Je ne pense pas en effet, alors que la priorité est de reconstituer une opposition crédible, qu’une stratégie fondée sur le seul critère de combattre intuitu personae Emmanuel Macron a quelque chance de réussir.
Il en va de même pour un certain nombre de personnalités au sein des Républicains qui refusent d’intégrer l’idée que pour redevenir une force d’alternance il sera nécessaire, au-delà d’une mobilisation des abstentionnistes, de reconquérir les électeurs perdus du Front National et de la France Insoumise.
De ce point de vue, je m’étonne des dernières déclarations d’Alain Juppé qui n’en finit pas de chercher à se survivre alors que son sort politique a été définitivement tranché par ses propres électeurs et qui oublie ce qu’il écrivait dans la préface du livre de Maël de Calan « Je respecte les électeurs du Front national, comme je respecte tous les Français. Je sais que pour la grande majorité d’entre eux, leur vote est un cri de colère ou de désespoir. Un défi qu’ils lancent aux responsables politiques qui ont été incapables de résoudre leurs difficultés. Ils méritent de vraies réponses aux questions qu’ils posent et de vrais remèdes aux difficultés qu’ils rencontrent. »(6).
Pour éviter de se retrouver dans le bocal Laurent Wauquiez ne manque pas de moyens. C’est ainsi qu’indépendamment de sa personnalité, il ne devra pas réitérer la mansuétude légendaire de Nicolas Sarkozy avec les barons de l’UMP, qui pour la plupart lui doivent leur carrière.
Il devra notamment renouveler ses équipes, sans perdre de vue toutefois que le jeunisme conduit à la gérontophobie, inviter au silence médiatique ceux qui se sont fourvoyés en participant à la manifestation du Trocadéro et suggérer à ceux qui ont perdu successivement des élections de se retirer ou de se taire.
Sur le fond, je lui suggère :
plutôt que d’incarner une droite décomplexée, de devenir le Président d’un Parti Conservateur Républicain, sur la base de l’analyse pertinente de Roger Scruton dans son ouvrage « De l’urgence d’être conservateur »(7) et d’inscrire sur son agenda la réflexion de Disraeli qui déclarait « Je suis conservateur car je garde ce qui est bon et je change ce qui est mauvais. » ;
au-delà de la mise en œuvre d’un vaste plan de réduction de la dette, du rétablissement d’une fiscalité partagée, d’un engagement européen réaliste et exigeant vis-à-vis du Luxembourg, des Pays-Bas, de l’Irlande, de la Pologne et de la Hongrie, comme de la Grèce et de Malte, de proposer aux Français un nouveau modèle de société en se donnant, dans un nouveau cadre européen, les moyens de surmonter les désordres de la compétition mondiale ;
de rétablir la distinction entre l’Etat et le monde économique en encadrant strictement le passage de la fonction publique à la fonction privée, pour éviter les situations de confusion et de conflits d’intérêts puisque l’État ou les collectivités locales sont souvent les principaux donneurs d’ordres ;
de revaloriser d’une manière très significative les niveaux de rémunération des élites de la fonction publique et territoriale.
C’est ainsi qu’il devra, pour convaincre les Français et leur redonner le goût de la politique et de l’avenir, ouvrir quatre chantiers ambitieux visant à :
une refonte totale des rapports entre l’Etat et les territoires car la démocratie de proximité, même si elle génère des coûts supplémentaires immédiats, est seule de nature à permettre d’éviter des dépenses ultérieures plus lourdes(8) ;
en finir avec l’idolâtrie technocratique pour les grandes villes ;
faire de l’engagement environnemental une ardente obligation ;
reconstruire la citoyenneté et le civisme car trop de nos concitoyens s’interrogent sur la loyauté des élites de notre pays(9).
La responsabilité de Laurent Wauquiez sera grande, si élu à la tête des Républicains, il échoue à reconstruire une opposition renouvelée et ouverte. A défaut, il ne sera pas Jupiter mais Crepitus !
1 « Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen ? : Chronique sécrète d’une élection imperdable … », Georges Fenech, Edition First Document.
2 « Macron : miracle ou mirage ? », Pierre-André Taguieff, Editions de l’Observatoire.
3 « Contre la pensée unique », Claude Hagège, Odile Jacob.
4 « Le destin de l’Europe », Ivan Krastev, Editions Premier Parallèle.
5 « La Richesse cachée des nations. Enquête sur les paradis fiscaux », Gabriel Zucman, Seuil.
6« La vérité sur le programme du Front national », Maël de Calan, Plon.
7 « De l’urgence d’être conservateur, Territoire, coutumes, esthétique : un héritage pour l’avenir », Roger Scruton, L’Artilleur.
8 « Le crépuscule de la France d’en haut », Christophe Guilluy, Flammarion.
9 « Citoyenneté et loyauté », Yves Michaud, Kéro.
- Par Patrice Gassenbach
Pour la première fois dans l’histoire de la Vème République, nous sommes confrontés à une aberration c’est à dire au risque de l’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République.
Sans crainte de se tromper on peut affirmer que le résultat du premier tour à la présidentielle est lié :
-au bilan calamiteux de François Hollande,
-à la hausse de la pauvreté et du chômage,
-à l’insécurité,
-aux dysfonctionnements européens,
-à l’amoralité de François Fillon,
-à l’aveuglement et à l’entêtement des dirigeants de la droite républicaine,
-au délitement du civisme.

Quant au deuxième tour il reste éminemment périlleux pour les raisons suivantes :
-nonobstant sa fermeté et son honnêteté, la posture aporétique d’Emmanuel Macron,
-le caractère hétéroclite de ceux qui le soutiennent,
-les effets contre-productifs des ralliements et des appels non sollicités en sa faveur par des personnalités pour certaines discréditées,
-le renforcement populaire du préjugé politicien de connivence,
-la démagogie de Marine Le Pen et ses improvisations économiques, prête à tout promettre et à surenchérir sur son programme pour mieux abuser ou à faire semblant d’abandonner certains de ses aspects pour mieux tromper,
-le rapprochement opportuniste et sidérant de Nicolas Dupont-Aignan avec Marine Le Pen,
-les atermoiements de Jean-Luc Mélenchon qui, quoi qu’il en dise, tendent à suggérer à ses électeurs les plus révolutionnaires d’opter pour le chaos pour en faire le miel de ses actions futures.
Dès lors, face à la puissance de l’imprévisible et aux désordres sociaux, économiques, européens et internationaux qui en résulteraient pour notre pays, la priorité est de voter pour Emmanuel Macron, à charge pour la droite républicaine de se réorganiser au plus vite pour préparer les législatives afin d’imposer une cohabitation et d’échapper à l’instabilité des coalitions.
- Admin
Dès le mois d’octobre 2016, aux termes d’une tribune, j’avais prévu qu’Emmanuel Macron serait la corde de rappel des socialistes et que François Hollande ne se représenterait pas.

Cette prévision est aujourd’hui une réalité à laquelle nous sommes confrontés dans le cadre d’une redistribution inédite des cartes au sein de notre paysage politique. A juste titre, Michel Onfray, dans le Figaro du 24 avril 2017, constatait que le succès de la famille Le Pen était lié au fait que le Front National (FN) « n’a jamais été ni attaqué, ni combattu sur le fond », la gauche et la droite s’étant contentées, prioritairement pendant de nombreuses années, pour limiter son ascension de le diaboliser, en le transformant en épouvantail.
A l’exception de Maël de Calan, Jean Dionis du Séjour, Christian Saint-Etienne, Eric Woerth et de quelques autres, rares sont ceux qui à droite ont pris la peine de démontrer sur le fond que le projet du FN plongerait notre pays dans le chaos.
La peur manipulée
Récemment encore, l’éditorialiste du Monde, Jérôme Fenoglio, soulignait « le caractère nationaliste et xénophobe du FN, le cynisme et l’affairisme du clan familial qui le dirige » pour appeler à voter Emmanuel Macron. Or, si cela est juste, cela reste insuffisant pour faire reculer le FN qui quoi que l’on dise est un parti républicain qui a mobilisé au premier tour 7,6 millions d’électeurs dont il serait abusif de considérer qu’ils sont eux-mêmes tous affairistes et xénophobes alors qu’il s’agit d’un électorat composé majoritairement d’ouvriers, d’agriculteurs et de catégories populaires perdues.
Dès lors, en appelant à faire barrage au FN, à droite comme à gauche, les tenants de la bien pensance jouent à faire peur et à se faire peur, en perdant de vue qu’ils nourrissent la confusion qui sert de terreau au développement du FN lorsqu’il dénonce la collusion entre la droite et la gauche. Alors qu’agiter cette peur n’a pas de sens puisque comme l’écrit très justement Michel Onfray « quand un candidat se trouve au second tour face à Le Pen, il est sûr d’être élu » au moins pour ce qui concerne la présidentielle.
Revenir aux fondamentaux
La priorité pour la droite n’est pas d’appeler à voter pour Emmanuel Macron ou de s’emberlificoter dans le « oui mais », le « non si », le « ni ni » et autres calembredaines théorisées au café du commerce mais tout simplement de préciser qu’elle ne votera pas pour Marine Le Pen et qu’elle entend pour gagner les législatives se mobiliser dès à présent sur ses valeurs c'est-à-dire sur l’équilibre entre : la liberté et l’autorité, la laïcité, la tradition et la modernité, le patriotisme et l’Europe, la solidarité et la fiscalité, l’entrepreneuriat et l’Etat, le civisme et l’éducation.
L’indispensable renouvellement
Il en résulte que le pacte législatif de la droite et du centre doit être consolidé et mis à jour, car l’urgence est de réussir les législatives, parce que le résultat de cette présidentielle n’a pas rendu caduc le clivage droite gauche contrairement à la pensée unique. Or un tel projet, pour être crédible et rassembler les électeurs de la droite, impose un renouvellement significatif de ses dirigeants.
François Fillon a perdu toute légitimité, comme il le reconnaît lui-même, et devrait se retirer de la vie politique, comme l’avait fait en son temps, avec dignité, Lionel Jospin.
Ceux qui ont contribué à prendre la droite en otage et à transformer ses membres en un groupe de « malgré nous » à l’occasion de la détestable manifestation du Trocadéro pour faire échec à la désignation d’un candidat de substitution doivent également être écartés. Les trois caciques qui auraient dû peser de tout leur poids ont été si défaillants et si peu courageux pour imposer le plan « B » qu’ils devraient eux aussi s’effacer. Les palinodies, pour ne pas les qualifier plus sévèrement, de Valérie Pécresse, la singularité préfabriquée et les échecs électoraux successifs de Nathalie Kosciusko-Morizet, doivent les inviter toutes deux à être plus modestes et en tout cas plus silencieuses et à nous dispenser de leurs états d’âme.
Tout est possible
Dès lors, ceux qui se sont retirés parce qu’ils ne voulaient pas cautionner le désastre annoncé doivent retrouver un rôle déterminant, aux côtés des deux personnalités qui sortent, à mon avis, indemnes de cette présidentielle perdue, Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand qui incarnent des sensibilités certes très différentes, mais qui précisément en raison de leurs différences sont les mieux placés pour éviter, pour le premier que les électeurs de droite ne s’égarent en votant pour le FN et pour le second, en raison de sa pratique de l’ouverture d’élargir la droite et le centre en faisant revenir les électeurs populaires dispersés. C’est ainsi que nous devons les encourager et les inviter à conjuguer leurs efforts car ils sont les seuls à même de conduire au succès la droite à l’occasion des législatives, et/ou à défaut de limiter les dégâts d’une campagne présidentielle aussi calamiteuse.
Tout est en effet encore possible pour les Républicains et l’UDI, car Emmanuel Macron :
- devra sortir de son ambiguïté programmatique,
- désigner et investir 577 candidats,
- n’aura pas de majorité à l’Assemblée Nationale,
- sera soutenu par un groupe parlementaire dominé par les socialistes,
- sera confronté à des risques démultipliés de fronde, faute d’homogénéité,
- sera combattu par des oppositions d’extrême droite et d’extrême gauche qui pèseront lourd.
Enfin, le futur premier ministre d’Emmanuel Macron à défaut d’abuser du 49.3 aura besoin pour gouverner la France, faute d’une majorité cohérente, de coalitions à géométrie variable. Aussi, est-ce la raison pour laquelle la droite républicaine doit tout faire pour imposer une cohabitation avec un groupe parlementaire solide, capable à l’occasion de crises de voter, dans le cadre de majorités de projets, des textes indispensables à la restructuration de notre pays pour combattre le chômage, la dette et sauvegarder notre ambition européenne, remise en cause aujourd’hui par plus de la moitié du corps électoral tout en se tenant prête pour la reconquête et l’alternance.
A moins de prendre le risque de perdre également les législatives, la droite doit cesser de ratiociner sur ses recommandations de vote à la présidentielle en se mobilisant dès à présent sur les législatives. Il sera toujours temps pour elle après le 18 juin d’aviser.
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